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Bérénice Z. Beaudonte
Bérénice Z. Beaudonte
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Age : 30 Profession : Libraire Localisation : Le nouveau centre Avatar + Crédits : Alicia Vikander + Moses.
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Ven 1 Mai - 0:01

Son regard se pose une énième fois sur le journal qu’elle avait négligemment abandonné des heures auparavant sur un coin du comptoir. L’après-midi est plutôt calme, et ses pensées se perdent de plus en plus dans ce petit encart, presque noyé dans la masse, et pourtant impossible à ignorer. C’est à peine, si elle arrive à détourner le regard. C’est à peine si elle réalise ce qu’elle y lit. C’est à peine, si elle arrive encore à détacher les deux histoires. D’habitude, elle survole les premières pages du journal sans trop y prêter d’attention jusqu’à trouver les grilles de mots-mêlés, mots-croisés et sudokus.  C’est presque un péché mignon de les remplir, c’est sa madeleine de Proust bien personnelle. Elle se souviendra toujours de ces après-midi passés à attendre sa mère qui donnait une conférence dans un musée ou une école, à remplir des grilles depuis le fond de la salle en glissant des regards sur cette femme à l’apparence si forte et au corps si fragile. Aujourd’hui, à chaque coup de crayons griffonné puis rageusement effacé, à chaque fois qu’elle glisse une mèche de cheveux qui brouille son champ de vision derrière l’oreille, à chaque victoire ! adressé à soi-même, elle à l’impression qu’elle est juste là. Sa mère, en face d’elle au fond de la salle, à parler de l’importance d’un tel événement dans la vie d’un auteur ou d’un peintre, du contexte ayant posé les bases à la naissance d’un nouveau courant. L’envie  de faire table rase et de briser les codes après la première guerre mondiale donne naissance au surréalisme. La redécouverte de l’Antiquité grecque et romaine qui apporte la renaissance. Et Bérénice, qui enregistre chaque information, tout en remplissant des cases de son écriture qu’elle avait toujours trouvée trop brouillonne, pas assez féminine, quand les jolies boucles de sa mère blanchissaient un tableau noir.

Mais aujourd’hui, son crayon était resté rangé dans son pot. Elle n’avait pas dépassé la page trois et cette photo qui saute aux yeux. Une dame d’un âge qui pourrait approcher celui qui sa mère aurait eu, si elle n’était pas partie depuis déjà si longtemps que sa voix n’était plus qu’une illusion. Une photo d’une dame en noir et blanc, bien coiffée, joliment maquillée, qui donne l’air de prendre soin de sa personne. Il y a quelque chose qui intrigue pourtant, quand on l’observe trop longtemps. Quelque chose de buté, de calculateur au fond du regard, malgré le sourire esquissé face à l’objectif. Quelque chose fait que Bérénice n’arrive pas à détourner son regard, sans qu’elle n’arrive pourtant à mettre le doigt dessus. Et puis petit à petit, les pensées se trient, les vagues souvenirs se consolident, le portrait se dresse. Cette femme, elle l’avait déjà vue. Elle lui avait déjà parlé. Elle était venue à plusieurs reprises à la librairie, sans jamais vraiment chercher à acheter des livres. Elle glissait parmi les rayons avant de venir voir la jeune femme, lui posant une question qui n’avait finalement peu d’importance, tant le sujet passait rapidement à autre chose. C’était une femme pleine d’histoires et de secrets. Elle lui parlait souvent de ce fils pour qui elle avait tout sacrifié, à qui elle avait tout donné, et qui était parti tout de même. De ce fils dont elle n’avait même pas vraiment la certitude qu’il vivait encore, si ce n’est cet instinct maternel indéfectible. Elle disait toujours cela en posant une main contre sa poitrine, comme pour rendre le prétexte plus réel. Et Bérénice ne la comprenait que trop bien, cette sensation de sentir avant de savoir. Elle l’avait vécu, presque dix ans auparavant, des mains frêles et froides glissées entre les siennes. Sa mère, elle l’avait su morte avant que la machine n’émette cette tonalité sans fin. Elle l’avait su avant que l’infirmière ne se penche sur elle en lui murmurant c’est fini, tout est fini.

Voila que c’était au tour de la mère de disparaitre, après l’abandon du fils. C’était un fait inhabituel, en Islande, pays ou le crime est quasi inexistant, ou la police de la capitale n’avait pas mieux à faire que d’alimenter les réseaux sociaux de photos ou elle nourrit des oiseaux ou pose à côté de bonhommes de neige. Alors une femme qui disparait sans trace, c’est inquiétant. Assez pour que le journal local ne s’y intéresse, peut-être par soi-même, peut-être guidée par une personne de l’entourage de cette femme. Elle ne le saura sûrement jamais, mais cette photo avait fini par trôner dans le journal, avec un petit écriteaux en lettres capitales, typiquement cliché, indiquant Quelqu’un aurait-il vu cette femme ?. Et Bérénice avait beau se triturer les méninges, elle ne se souvenait plus de la dernière fois ou elle avait aperçu cette femme, si c’était il y a des jours ou des semaines déjà. Elle ne se souvenait plus si quelque chose avait semblé différent ce jour là, si quelque chose aurait du l’alarmer. Trop souvent, elle était prise par ses démons pour vraiment porter attention à son interlocuteur. Elle adorait parler avec ses clients, mais seulement parce que cela lui permettait de ne pas penser à tout ce qu’elle avait perdu pendant quelque instants. Une fois la discussion close et le regard de la personne éloigné elle avait déjà tout oublié. Une dernière fois, son regard se pose sur cette photo tandis qu’elle soupire, en colère contre elle-même de ne pas pouvoir apporter des indices aux autorités. D’un geste sec elle pousse le journal un peu plus loin sur le comptoir, se laisse aller contre le dossier de sa chaise, et se demande si quelqu’un avait encore un contact avec ce fils disparu mais certainement pas décédé. Si quelqu’un avait pu lui annoncé la terrible nouvelle. Si cela le ferait revenir, alors qu’il avait décidé de fuir bien des années auparavant. Elle se demande si elle aussi un jour, devra revenir sur les lieux qu’elle avait fuit sans un regard en arrière, si ce n’était pas le seul moyen de véritablement bouclé la boucle.
(c) AMIANTE
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Askja Petersson
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Profession : Tatoueur Avatar + Crédits : Colson Baker
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Dim 10 Mai - 3:11

Ethan était à l'école et tu étais assis dans la salle à manger, sur une chaise désespérément froide, les yeux rivés sur la vieille horloge qui t'indiquerait bien assez tôt qu'il était temps de te sortir de ta torpeur pour aller le chercher.
C'était à ça que ressemblaient toutes tes journées sans exception quand il n'était pas avec toi, attendre, inlassablement, suspendu au sinistre tic tac que rien ne semblait perturber.
Les premiers jours tu avais eu espoir de repartir rapidement, une semaine, peut-être deux tout au plus, persuadé que ta mère allait vite être retrouvée et que, ta conscience soulagée d'avoir fait ce qu'on attendait de toi, d'avoir fait ce que devait faire le bon fils que tu n'étais pourtant pas, vous pourrez vous envoler vers New-York, oublier à nouveau cet endroit, s'échapper sans trop de dégâts, mais les jours étaient passés, les semaines aussi et malgré tes coups d'éclat auprès de la police, l'enquête n'avançait pas et tu restais là.
Tu sentais toute la négativité de cet endroit qui t'aspirait un peu plus chaque jour, le sentiment de peur venu de nul part qui te submergeait sans te laisser la possibilité de respirer avec une seule certitude qui t'obsédait, celle de l'urgence de fuir à nouveau, viscérale, animale presque, alors, même si tu l'avais déjà fait des dizaines de fois, probablement plus même, tu t'étais dirigé vers la chambre de ta mère à la recherche du plus petit indice qui pourrait être ta porte de sortie, la clef de ton salut.

La chambre était identique à ce qu'elle était les jours précédents, identique à ce qu'elle était dans tes souvenirs aussi, c'était dans cette partie de la maison alors que tu pouvais presque encore sentir son odeur imprégnée dans les draps que l'angoisse te tenaillait le plus, comme si une part de toi se sentait en danger immédiat, pourtant tu l'ignorais, la faisait taire, la contenait alors que tu vidais le contenu des tiroirs, celui des placards encore une fois sans rien trouver d'autre que les traces de la vie banale d'une quinquagénaire célibataire et isolée.
Tu t'apprêtais à faire demi-tour, toujours pas plus avancé mais soulagé d'avoir fait passer le temps lorsque quelque chose attira ton regard, un marque page qui dépassait légèrement de son livre de chevet. C'était absurde, c'était stupide mais c'était probablement aussi la seule chose que tu n'avais pas observée alors, délicatement, tu t'en étais saisi pensant que ce serait vain mais en voyant inscrit à son dos l'adresse d'une librairie tu avais enfin senti l'espoir renaître en toi, c'était peu mais c'était toujours la possibilité de parler à quelqu'un qui l'avait connue car connaissant ta mère et connaissant cette manie insupportable qu'elle avait de raconter sa vie, en quête constante d'attention quitte à mentir ouvertement, elle avait forcément parlé aux employés, elle leur avait peut-être confié à mots cachés son plan.

Claquant la porte derrière toi sans prendre la peine de la fermer à clef, tu pris le chemin de la librairie, grimaçant en ayant encore une fois cette impression de te faire observer et juger alors que tu arpentais les rues.
Une fois à destination, tu ne t'embarrassas pas vraiment de politesse, fermant la porte avec fracas, tu te dirigeas vers le comptoir où se tenait une jeune femme dans tes âges mais que tu ne connaissais pas.  Sortant de ta poche un article de journal un peu froissé montrant une photo récente de ta mère, son petit sourire calculateur, ses yeux froids, tu le jetas presque sur le comptoir comme s'il te brûlait les doigts, comme si le simple fait de le toucher était insoutenable pour toi.

« Cette femme c'est ma mère. Dis moi où elle est »

Le ton était sec et les mots claquaient comme des ordres, pas de bonjour, pas de douceur, tu voulais simplement cette information et partir. Tu voulais simplement partir.
(c) AMIANTE
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Bérénice Z. Beaudonte
Bérénice Z. Beaudonte
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Jeu 28 Mai - 21:15

Oupsie:

Il suffit d’un claquement de porte pour qu’elle ne se retrouve portée des années en arrière, quand ce bruit n’était que trop courant, presque quotidien. Entendre la porte d’entrée claquer, c’était le signe qu’il fallait arrêter de rire, de sourire devant son téléphone, ou de respirer trop fort les mauvais jours. Entendre la porte d’entrée claquer, c’était préparer ses mains et ses bras à couvrir son visage, pour que les marques restent toujours plus faciles à couvrir, qu’elles ne soulèvent pas trop de questions. Elle croit d’abord qu’il n’était présent que dans son imagination, ce bruit exagérément fort dans ses oreilles. Que ses pensées l’ont menée au plus loin, au plus sombre de son existence. Même la mort de sa mère n’avait pas été aussi horrible que les années passées aux côtés d’Ezra. Ou peut-être que si. Si l’horreur d’un acte se mesure à la rapidité auquel on le fuit, la mort de sa mère a été de loin la pire chose. Peut-être parce qu’elle était si soudaine, et irréversible, tandis que la porte continuait de claquer tous les jours, comme une bonne vieille habitude, comme un signe que le monde continuait sa révolution.

Mais quelque chose bouge dans son champs de vision, une silhouette s’approche, trop rapidement, trop sauvagement pour simplement vouloir un livre. Il jette un morceau de papier un peu froissé sur le comptoir, et sa voix se faisait entendre avant qu’elle n’ai pu y jeter un coup d’œil. Voila donc le fils prodige, l’enfant chéri et adoré, celui qui a fuit sans un regard en arrière. Si l’horreur d’un acte se mesure à la rapidité auquel on le fuit… La main tremblante, Bérénice glisse le morceau de papier vers elle, reconnait l’article de journal qu’elle avait fixé toute la journée comme s’il allait se mettre à parler, avant de poser son regard dans celui de son interlocuteur. Elle est désolée, bien sur, puisqu’elle ne pourra certainement rien lui apporter de nouveau. Oh comme elle aurait aimé pouvoir l’aider, pour qu’au moins cette famille soit réunie, puisque la sienne ne pourra plus jamais l’être. Mais elle ne trouve que de la froideur dans les iris bleuté, aucune trace de fébrilité, aucune trace de peine. De la froideur et de l’indifférence. Bérénice avait l’impression qu’il pourrait tout aussi bien être à la recherche du chat de la voisine ou du doudou à sa nièce. Entre la froideur du fils et l’air buté de la mère, quelque chose ne tournait pas rond dans cette famille.

Sautant de sa chaise pour se dresser face au jeune homme, Bérénice regrette presque immédiatement son acte. Ses jambes n’ont pas vraiment envie de rester droites, prête à la lâcher à tout moment, et ses bras ont furieusement envie de cacher son visage. Elle se fait violence pour se contenir, pour convaincre son esprit que chaque homme n’est pas Ezra, que chaque claquement de porte n’allait pas de paire avec des cris ou des coups. « Je… » Elle balbutie, ne trouve pas les bons mots pour dire qu’elle est parfaitement inutile, qu’elle l’a toujours été, qu’elle ne sait rien, que toute sa vie n’est qu’une mauvaise blague et une imposture. Sa main se pose sur le papier froissé qu’il a jeté sur le comptoir, peut-être qu’il pourrait parler, cette fois. « Je ne sais pas ce qui vous fait penser que je la connais, que je pourrais savoir où elle se trouve. » Peut-être pas la meilleure réponse, Bérénice. Cela ne pourrait que l’énerver davantage. Cela ne pourrait que mener à des cris, et elle s’était promis que dans sa librairie, il n’y aurait jamais d’autre cris que ceux des enfants qui courent entre les rayons ou des bébés qui n’ont pas d’autre moyen de communication. « Elle est venue quelque fois, c’est vrai. M’a acheté un livre ou deux. Mais c’est tout. » Pas vraiment. Elles ont parlé, assez longtemps pour que Bérénice ne sache qu’il y avait une relation compliquée entre la mère et le fils, et que ce n’était pas à elle de prendre un parti ou d’essayer de découvrir la vérité. « Je ne sais même plus quand je l’ai vue pour la dernière fois, je suis désolée. Je ne pense pas pouvoir vous aider. Vraiment désolée. » Et elle l’était, au moins jusqu’à qu’il ne fasse demi-tour et qu’il ne revienne plus jamais. Après, Bérénice pourra enfin retourner chez elle, ou seul le silence et le miaulement des chats ne l’attendait. Après, elle pourra enfin pleurer sa propre mère, qui lui manquait soudainement horriblement. Si seulement elle pouvait lui dire une dernière fois à quel point elle l’aime… Peut-être qu’elle devrait aider ce jeune homme à pouvoir parler une dernière fois à la sienne, s’il n’est pas déjà trop tard et si elle n’était pas si lâche.
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