Too far gone (ft. Askja)

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Un soupir bruyant perceptible dans la salle principale du commissariat, pas même recouvert par le bruit des personnes en cellule, celles-ci quasiment vide pour l'instant. Un simple son, pourtant banal, qui avait poussé l'Italien à relever les yeux de son écran, un sourcil arqué, attendant de savoir ce qui avait pu exaspérer à ce point son collègue. Il baragouina rapidement quelques mots en Islandais avant de percevoir l'air plus sceptique du lieutenant, se rappelant comme pour la première fois qu'il ne comprenait pas cette langue. « On vient d'avoir un appel. Apparemment il y a un type qui traîne au niveau de la crique » répétait-il cette fois-ci en anglais, sa voix franchement agacée par la situation. Qui disait intrusion dans la crique disait que quelqu'un devrait y aller pour voir, et au vu de l'heure plus qu'avancée, la nuit déjà tombée depuis quelques heures, la plupart avaient une flemme telle qu'une telle sortie les fatiguait d'avantage rien que d'y penser. Une seule issue possible : Trevisani irait. Pas spécifiquement parce-qu'il devait, mais parce-que c'était son boulot et qu'il ne rechignait en rien à le faire, pas même en pleine nuit, pas même alors qu'il aurait pu décider de faire l'autruche et de rester tranquillement à son bureau.

« Je m'en occupe » annonçait-il comme si de rien n'était, se levant déjà de sa chaise. Si en journée, certains étaient réticents à l'idée de le laisser sortir seul alors qu'il n'était là que depuis peu et était censé être en binôme avec Arnoldsson, il avait semblé que tous étaient d'accord, là, pour le laisser y aller. Il était assez impressionnant de voir comme, parfois, la flemme pouvait changer une personne. Évidemment, il y avait aussi de ces fois où le grand brun n'avait pas plus que ça l'envie de faire quelque chose, mais il ne s'en formalisait que rarement, faisant ce qui devait être fait, aussi simple que ça. Qu'importait la fatigue déjà accumulée donc, il avait enfilé son manteau et était sorti du bâtiment, prenant un véhicule pour se rendre jusqu'aux fameuses criques. Sans doute y avait-il un temps où cette intrusion n'aurait pas eu la moindre importance, une époque où les criques étaient souvent fréquentées, mais au vu des récentes disparitions, elles étaient bien plus surveillées, notamment depuis que le corps d'une des dernières disparues y avait été retrouvé. Peut-être n'était-ce pas grave, peut-être était-ce simplement un gars qui voulait se balader, mais le fait est qu'il ne devait pas y traîner aussi tard dans la nuit, aussi simple que ça.

Arrivé aux alentours, Rosario avait garé le véhicule de service, prenant une lampe de poche pour y voir plus clair. Il ne lui avait pas fallu plus de cinq minutes pour accéder directement à la crique. L'idée que le type ne soit même plus là et qu'il venu pour rien ne lui avait quasiment pas effleuré l'esprit à dire vrai, rien de ce qu'il faisait n'était vain, même si ça pouvait l'être aux yeux de certains. Son faisceau lumineux balayant le coin, il ne tardait pas à le focaliser sur une silhouette, fronçant les sourcils. « Police. Cet endroit est interdit au public, je vais vous demander de partir. » Rien de plus rien de moins. Un ton professionnel, pas spécialement agressif mais loin d'être coulant. Quelque chose qui voulait dire ''vous n'avez pas d'autre choix que d'appliquer ce que je dis'' sans pour autant avoir l'air d'un dictateur qui imposait ses lois. Elles n'étaient pas siennes à proprement parler, il ne faisait que les appliquer parce-que c'était ainsi que la société fonctionnait. Et mieux valait espérer que l'inconnu coopère. Un type qu'il n'avait jamais vu mais autant dire qu'après à peine deux mois en ville, il ne pouvait pas avoir croisé tout le monde.

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Plus les jours passaient et plus ton humeur se faisait massacrante, lorsque tu avais quitté New-York il y a quelques semaines, tu étais persuadé de partir pour quelques jours à peine, tu imaginais qu'on retrouverait rapidement ta mère et qu'après des retrouvailles probablement mouvementées et loin d'être chaleureuses tu pourrais rapidement retourner à ta vie d'avant qui, si elle n'était pas parfaite, était toujours mieux que celle que tu vivais actuellement dans cet endroit que tu haïssais tant mais plus le temps avançait, plus tu commençais à en arriver la conclusion qu'il allait en être bien autrement. Chaque jour, tu avais l'impression de sentir à nouveau leurs milliers d'yeux braqués sur toi même dans des rues désertes, chaque jour tu avais l'impression de voir renaître tes vieilles angoisses, sentir à nouveau la présence de tes vieux démons qui t'avaient pourtant laissé en paix depuis ta fuite, chaque endroit était marqué au fer rouge de souvenirs que tu aurais préféré oublier, malgré les changements qu'avaient connu la ville, elle restait ce qu'elle était, ton enfer personnel et chaque jour un peu plus tu avais l'impression que son piège se refermait sur toi, qu'elle t'avait attrapée dans ses filets avec une certitude de plus en plus étouffante, celle qu'elle ne te laisserait plus repartir à présent.
Les seuls moments où tu ne passait pas ton temps à soupirer bruyamment et taper dans tout ce que tu croisais comme pour montrer à l'univers que tu n'étais pas franchement ravi de la situation, étaient les moments que tu passais avec ton fils. Ce soir encore tu avais fini par retrouver le sourire grâce à lui, ce soir encore alors qu'il s'endormait contre toi tu avais mesuré ta chance de l'avoir dans ta vie, caressant doucement ses boucles blondes d'une main alors que de l'autre tu consultais distraitement les dernières actualités sur ton téléphone jusqu'à te figer en lisant une information qui semblait t'avoir échappé, le corps d'une disparue -parce que oui, ta mère n'était pas la seule dans ce cas- avait été retrouvé sur une des criques, tu te demandais bien comment tu avais pu passer à côté toi qui était pourtant du genre à mener l'enquête en solitaire, considérant par expérience la police comme un troupeau d'incompétents sans la moindre utilité, peut-être que cette ville ou les nuits sans sommeil commençaient à te rendre fou, qui sait.

Soupirant doucement et retirant ta main des cheveux d'Ethan, tu envoyas un sms à sa baby-sitter pour lui demander de venir le garder quelques heures, prétextant une urgence professionnelle alors que tu n'avais même pas encore recommencé à travailler et n'oubliant pas évidemment de préciser avec toute ta bienveillance habituelle que s'il arrivait la moindre chose au petit en ton absence, elle était une femme morte, à se demander pourquoi elle daignait toujours venir après ça, à croire qu'elle avait vraiment besoin de cet argent ou simplement qu'elle avait l'habitude des hommes comme toi.
Une fois sûr qu'Ethan était entre de bonnes mains et après lui avoir délicatement déposé un baiser sur le front en promettant que tu reviendrais vite, tu avais pris ta voiture et t'étais dirigé vers les criques, tu ne savais pas vraiment ce que tu espérais trouver là bas en vérité, ce n'était pas comme si l'univers risquait de t'afficher en lettres phosphorescentes dans le ciel l'endroit où se trouvait ta mère mais tu étais tellement désespéré et tellement pressé de pouvoir quitter cet endroit, tes tentatives précédents s'étant toutes avérées vaines que tu étais prêt à tout essayer.

Comme prévu évidemment il n'y avait rien sur place, rien qui puisse t'aider à fuir plus rapidement du moins et tu t'étais rapidement contenté de te promener simplement, une cigarette glissée entre les lèvres lorsqu'une voix derrière toi te fit sursauter. Si l'usage de l'anglais te fit tiquer un instant, le trouble fut rapidement chassé par l'agacement, s'il y avait bien une chose que tu détestais encore plus que le fait qu'on te donne des ordres, c'était la police alors les deux cumulés...Soupirant suffisamment bruyamment pour que l'autre t'entende, tu t'approchas de lui pour te rendre visible, le regardant dans les yeux froidement

« Non. »

Le ton était aussi glacial que ton regard alors que tu jetais ton mégot de cigarette à ses pieds.

« Je reçois pas d'ordre de qui que ce soit et encore moins d'incompétents à cause de qui je suis obligé de rester dans ce trou à rats »

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Ç'aurait pu n'être rien, le lieutenant aurait pu arriver trop tard et simplement avoir à retourner au poste. Ç'aurait également pu être quelqu'un de coopératif, qui comprendrait la dangerosité de traîner dans cet endroit au vu des disparitions. Mais il n'en fut rien, et le simple regard de l'homme suffisait à comprendre qu'il ne capitulerait pas docilement. Pas de quoi inquiéter l'Italien pour autant, il avait vu et vécu pire, les éléments perturbateurs étaient monnaie courante, comme partout. Abaissant un peu le faisceau de sa torche pour éviter de l'aveugler inutilement alors qu'il approchait pour se rendre plus visible, Rosario arquait un sourcil à sa négation. Nette et sans appel, visiblement. Un non tranchant et froid qui était bien plus agressif que ce que nécessitait la situation. Heureusement pour lui, le brun était patient, il pouvait lui laisser une chance de simplement prendre en compte l'interdiction de traîner ici et le laisser partir sans poursuite, mais la réaction de l'intrus jouerait pour beaucoup dans ses propres réactions.

« Ce n'était pas une question, vous n'avez pas à être ici » répétait-il, moins sèchement que son vis-à-vis, ce dernier venant de jeter son mégot pile à ses pieds. Un sourcil arqué, Trevisani inspirait, reportant ses prunelles ambrées sur l'homme. Il savait être compréhensif, empathique, il savait faire des compromis, mais lorsque les limites -relativement faibles- étaient dépassées, l'Homme laissait en intégralité place au lieutenant. Et les mots du perturbateur firent instantanément basculer la balance en ce sens là. Il était évident que le terme d'incompétents visait clairement la police locale, à croire qu'il n'avait aucune idée du travail qui était abattu dans les enquêtes en cours. Attaque que n'acceptait que difficilement l'Italien bien qu'il ne laissait rien transparaître, toujours trop professionnel. « Ce n'est pas en nous mettant des bâtons dans les roues que les recherches avanceront plus rapidement » disait-il, partant du principe que la présence du blond ici même n'était pas totalement dissocié des disparitions. Qu'importait qu'il ait l'air d'un père qui sermonnait son gamin, Rino savait pertinemment qu'il pouvait avoir un air presque condescendant lorsqu'il endossait pleinement le rôle du lieutenant, mais ce n'était pas en se montrant trop coulant que le boulot était bien fait.

« Je vais me répéter une dernière fois : quittez cet endroit avant que je doive vous coffrer pour entrave à une enquête en cours. » Les risques étaient clairs et il n'avait aucune raison de tourner autour du pot. Sûr qu'il n'hésiterait pas à le faire si l'autre n'en faisait qu'à sa tête, ses propres ressentis n'entraient pas en ligne de compte bien qu'ils étaient présents. Combien de fois avait-il ressenti une empathie profonde pour un de ses pairs mais que l'application des lois était la priorité ? Combien de nuits blanches avait-il subies à cause de cette guerre interne constante entre son humanité et son professionnalisme, tous deux bien trop importants ? Mieux valait que l'intrus ne fasse pas plus de résistance, Rino était compréhensif, mais il ne faisait pas partie de ces incompétents qui auraient sans doute déjà laissé tomber l'affaire pour rentrer chez eux.

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Chaque mot qui s'échappait de sa bouche te donnait pour ainsi dire envie de le forcer à la fermer et pas forcément de la plus douce des manières.
Il y avait quelque chose dans son attitude et globalement dans celle de tous les policiers à qui tu avais eu à faire jusque là, ici avant de fuir ou plus tard à New-York avant de t'assagir, qui te rendait automatiquement agressif, quelque chose dans la posture ou dans le ton employé qui criait qu'ils avaient raison et que tu avais tort, qu'ils étaient innocents et toi forcément coupable, qu'ils étaient supérieurs à toi quoique tu en penses et tu ne le supportais pas. Trop loin de tes principes, trop loin de tes valeurs, pour toi chaque personne était ton égal jusqu'à preuve du contraire, un uniforme, un statut social, un métier ne changeait certainement pas la donne, irrespectueux peut-être, révolutionnaire très probablement, tu refusais de plier devant quiconque.
Tu savais déjà que les prochains mots que tu prononcerais ne seraient probablement pas les plus doux, tu te doutais déjà que la colère finirait par l'emporter sur la raison et qu'il n'était pas improbable qu'un de tes poings trouve le chemin du nez de ce flic en carton, pourtant tu le laissas terminer de parler, tes yeux soutenant toujours fermement les siens alors que tu n'écoutais déjà plus que d'une oreille, tous les mêmes, toujours les mêmes mots et les mêmes discours, pas une question blablabla leçon de morale blablabla menaces blablabla, invariablement. Une fois le silence revenu tu ne retins qu'à grand peine un soupir de soulagement qui fut plutôt remplacé par un petit rire ironique.

« "Entrave à une enquête en cours", je suis tombé sur un comique en plus »

Tu singeais le policier, caricaturant volontairement sa posture et le ton qu'il employait sur les premiers mots avant de laisser un petit sourire en coin se dessiner sur tes lèvres, toujours dans la provocation.

« Tu sais pourquoi ? »

Doucement tu te rapprochas de lui, piétinant la notion d'espace personnel à toi seul alors que la question était de toute évidence purement rhétorique, ta propre réponse venant bien assez rapidement sans même lui laisser le temps d'y réfléchir, catégorique et tranchante, presque cruelle objectivement quand on savait que le pauvre homme ne faisait que son métier et prenait pour tous les autres, tous les autres policiers avant lui mais tous les autres au sens plus large aussi.
Il prenait pour ton ex qui avait refusé de garder Ethan avec lui et t'avait forcé à l'exposer à ce passé que tu aurais préféré laisser derrière toi, il prenait pour ta mère qui n'avait rien trouvé de mieux à faire que disparaître, il prenait pour les commerçants ou pour le passant que tu avais croisé il y a trois jours et dont le regard t'avait paru insistant, il prenait pour toi aussi, pour ta propre incapacité à avoir su ignorer cet appel, pour ce besoin que tu avais eu de revenir sur place, cette peur de ne plus être capable de te regarder en face si tu ne venais pas essayer de retrouver cette mère que tu haïssais pourtant.

«Parce que y a rien à entraver, vous foutez rien. »

Ces mots, tu les lui crachais presque au visage, ils étaient la seule réponse logique que tu avais trouvé aux questions que tu te posais durant tes nuits sans sommeil :si l'enquête n'avançait pas, ça ne pouvait être que de leur faute, ça ne pouvait être dû qu'à un manque de volonté et un manque de travail de leur part. Au XXIème siècle, c'était absurde de même imaginer qu'on puisse encore perdre la trace d'une personne si longtemps, c'était insensé qu'elle puisse simplement disparaître dans la nature, se volatiliser, elle était forcément là, dans le pays ou quelque part sur le globe, morte ou vivante pour ce que tu en avais à faire...
Pas vrai ?
Ça devait être vrai parce que si c'était faux alors tu pouvais tout aussi bien rester des mois et des mois dans cet endroit qui pour une raison que tu ne déterminais pas, pas encore du moins, te donnait l'impression de te faire submerger par une sensation oppressante qui te privait de toute source d'oxygène et d'espoir.

«  Retourne bosser au lieu de m'emmerder »

Arrivé à sa hauteur, tu te permis de le pousser, pas violemment, plus pour accompagner la parole par un geste. Un avertissement.

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Nul doute que si un autre de ses collègues s'était retrouvé face à cet homme, les choses auraient déjà dégénéré, tant dans les mots que dans les gestes. Mais Rino n'était pas un autre. Il n'était pas de ceux qui voulaient expédier rapidement le boulot quitte à être dans l'injustice la plus totale, simplement pour être tranquille et pouvoir rentrer à la maison. Il aurait pu, pourtant, mais s'il y avait bien une chose plus importante que tout le reste aux yeux de l'Italien, c'était précisément de faire son travail, et le faire bien. Il gardait son sang-froid, comme toujours, s'exprimant simplement avec cette autorité qui était sienne sans pour autant se montrer désagréable ou agressif avec l'homme en tort. Pour autant, le regard que le concerné posait sur lui laissait bien comprendre que ses paroles ne passaient pas, qu'elles n'étaient pas acceptables. Un regard plein de haine, de reproches, comme s'il était à deux doigts de s'emporter. Au vu de cette attitude, il aurait été nettement plus simple de le coffrer directement afin de lui faire comprendre son erreur, lui montrer que ce n'était pas en voulant jouer au plus fort ou au plus têtu que l'enquête de ces disparitions avancerait. Mais, son professionnalisme prenant le pas sur l'empressement, le grand brun préférait une méthode moins drastique. Ne pas choisir la facilité, ne pas être trop vindicatif, même s'il faisait toujours ce qui devait être fait, sans laisser entrevoir le moindre scrupule.

Il avait essayé d'être réellement gentil, Rosario, lui demandant initialement de partir. Sûr qu'il aurait été pleinement ouvert à la discussion si l'autre n'avait pas réagi de manière plus virulente, mais c'est d'un ton sans appel qu'il avait repris, expliquant toutefois les choses de manière relativement tranquille. Pas assez pour le blond, visiblement. L'entendant rire, il avait arqué un sourcil, se demandant ce qu'il pouvait bien y avoir de si drôle, comprenant qu'il était clairement entrain de se foutre de sa gueule. Un comique ? C'était mal le connaître, très mal. Il suffisait de demander à ses collègues et aux quelques personnes qui gravitaient autour de lui pour avoir la confirmation que Trevisani n'était pas vraiment drôle, sauf rares exceptions qui estompaient un peu son côté rabat-joie. Le type approchant, Rino avait inspiré, aux aguets du moindre mouvement brusque. Ils faisaient la même taille, mais si l'autre se décidait par surprise à s'en prendre à lui, mieux valait qu'il se tienne prêt.

Vous foutez rien. Des mots crachés avec une telle haine qui ne l'atteignait pourtant qu'à moitié. La présence de l'homme avait-elle donc un lien direct avec les disparitions ? Avait-il lui-même perdu quelqu'un ? Il y avait fort à parier que oui au vu de la manière dont ses émotions prenaient le pas sur son calme. Si le brun ne pouvait nier que tous ses collègues n'étaient pas réellement à fond, il ne tolérait pas que l'autre les mette tous dans le même panier. Un peu facile, ça, comme manière d'agir, bien plus que d'affronter sa propre incapacité à gérer les questions sans réponses. « Vous êtes dans nos locaux peut-être pour affirmer cela ? » demandait-il en réponse, toujours aussi calme. S'énerver maintenant ne ferait qu'ajouter de l'huile sur un feu déjà bien trop attisé. Il y avait bien eu de ses fois où le lieutenant était sorti de ses gonds, mais il en fallait plus, bien plus, et ces fois restaient relativement rares dans le cadre professionnel.

Encore des paroles pleines de rage. Et le geste de trop. Un contact physique que l'autre n'avait aucunement le droit de se permettre, blessé dans sa confiance envers l'autorité ou pas. S'il voulait jouer au plus con, il allait perdre. « C'est précisément ce que je suis entrain de faire, en empêchant quiconque de venir fausser les données de l'enquête. » Parce-que l'endroit nécessitait encore des prélèvements et qu'il valait mieux éviter que le monde entier vienne y squatter. Rino aurait pu ajouter qu'il faisait également cela pour la sécurité du gêneur, considérant le fait qu'ils ne savaient pas encore quels étaient les critères communs entre toutes les disparitions, mais une part de lui était persuadée que ces mots ne passeraient pas. « Vous allez me suivre au poste » disait-il finalement, tirant les menottes de sa poche afin d'appuyer son ordre. Il avait voulu être compréhensif, prêt à l'écouter, mais la manière dont l'inconnu avait agi prouvait bien qu'il n'était pas prêt à entendre quoi que ce soit.

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