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Bryndís Þrúðursdóttir
Bryndís Þrúðursdóttir
Habitant

Age : 34 Profession : Éleveuse de brebis Localisation : Un peu à l'écart de l'ancien centre-ville Avatar + Crédits : Nanna Bryndís Hilmarsdóttir + Yyc
Messages : 14

Mar 14 Avr - 19:43

L’échappée belle

avec Askja Petersson

Les sociétés n'aiment pas les ermites. Elles ne pardonnent pas de fuir.
Sylvain Tesson

Premier marché de la saison. Bryndís a hésité à venir, avant d’être rappelée à l’ordre par une sorte de… sens du devoir. À strictement parler, elle n’a d’obligation envers personne, en réalité, mais elle a une certaine idée de l’existence qu’elle est censée mener et ça inclut d’être présente sur les marchés. Elle n’a pas encore de produits laitiers à vendre : ses brebis n’ont pas toutes mis bas, celles qui sont déjà en lactation sont tétées par leurs agneaux et le peu que Bryndís traie, elle le garde pour elle ou le distribue en biberons aux triplés et quadruplés que leurs mères ont du mal à nourrir. C’est donc uniquement quelques vêtements de laine qu’elle étend sur son étal. Elle suspend d’abord de chaque côté de la table les plus grosses pièces, celles dont elle est la plus fières : deux capes pèlerines bleu marine, une ornée de deux gros brandebourgs beiges sur la poitrine et l’autre à capuche. Autour, elle dispose les divers pulls, étoles et chaussettes qu’elle a confectionnés au cours de l’année passée, puis l’écharpe qu’elle a tricotée avec la tonte du printemps.

C’était la première fois qu’elle gardait un peu de laine pour la préparer elle-même. Elle en avait envie depuis longtemps, depuis ce stage chez une éleveuse qui lui avait enseigné ces techniques, mais sa mère répétait qu’elles avaient assez de travail comme ça. C’est plus vrai que jamais, pourtant Bryndís s’est lancée dans l’entreprise. Elle a, comme d’habitude, confié la plus grande partie de la laine à des professionnels, qui la lui rendront filée ou tissée, et en a gardé juste assez pour tenter l’expérience. La teinture n’est pas parfaite, un peu pâle par endroit. Ça lui donne un côté irrégulier qui n’est pourtant pas affreux ; on peut même croire que c’est volontaire.

Bryndís a malgré tout l’intention de corriger cela, sur ses prochaines pièces. Parce qu’elle est perfectionniste et parce qu’elle s’est fermement mis en tête de réussir à fabriquer ses propres produits de A à Z – et même de A à Ö. Quand elle y pense et qu’elle met ce projet en perspective avec sa situation, elle se dit que ce doit être son moyen de faire son deuil : se chercher de nouveaux défis, de nouvelles choses à faire pour se prouver que la vie continue. Il y a de cela, sans doute. Mais pas que. Son choix de nouveauté s’est porté sur quelque chose qui lui tient à cœur, c’est logique, mais elle aurait pu trouver quelque chose de plus modeste. Ce n’est pas un hasard si elle se lance ainsi, pas encore à corps perdu mais ça ne saurait sans doute tarder, dans une tentative pour se débrouiller encore un peu plus seule : c’était le rêve de sa mère, c’est devenu le sien.

Peut-être que d’autres auraient laissé tomber. Si Þrúður, malgré ses convictions et ses envies, n’a pas trouvé le bonheur dans ce mode de vie, cela peut signifier que cette utopie est voué à l’échec. Bryndís ne met-elle pas sa santé physique et mentale en danger, en s'obstinant ? Ne lui dites surtout pas. Elle est exactement dans la vision inverse : si sa mère n’était pas heureuse ainsi, c’était qu’elle n’était pas allée assez loin dans sa volonté d’être autonome, d’où ce besoin de faire toujours plus, et par soi-même. Tirer parti de toutes les ressources dont on dispose est la base, même un devoir.


Le marché s’éveille doucement. Contrairement à d’autres exposants qui sont encore en train de décharger leur camionnette, Bryndís met un point d’honneur à être prête dès l’ouverture. Ainsi, elle a le temps d’échanger quelques mots avec les clients matinaux. Quand les allées se chargent, les gens ne prennent plus le temps de flâner ; ils vont en ligne droite entre les étals qui les intéressent, soit que leur champ de vision soit obstrué par d’autres soit qu’ils soient pressés, pris dans le mouvement de leur montre. Ce sont pourtant les rares moments, ces marchés, où Bryndís est contente de faire la conversation. Cette table derrière laquelle elle se tient est comme un décor de théâtre, qui lui dit quel rôle elle est censée tenir : elle est là pour vanter ses produits et son métier, parler de la pluie et du beau temps, sourire beaucoup. Rien de plus simple. Ce matin encore, ses réticences se dissipent vite et elle se prête au jeu avec un certain plaisir.  


Puis, tout à coup, son sourire se fige. Son écharpe, celle mal teinte par ses soins, n’est plus là. L’idée d’un vol à l’arrachée ne lui traverse même pas l’esprit : pas ici, et elle ne quitte jamais des yeux les personnes qui s’approchent… Le vêtement a dû glisser : il était très au bord de la table, il a pu s’accrocher à un passant. Mais en faisant le tour de son étal, Bryndís ne trouve pas l’écharpe par terre. Non : elle la trouve dans les mains d’un petit garçon. Surprise, elle relève les yeux mais ne vois pas d’adulte à ses côtés. Elle s’accroupit pour se retrouver à sa hauteur. Le bout de chou ne doit pas avoir plus de quatre ans.
- Bonjour, mon grand. Tu es tout seul ? Où sont tes parents ?
Le petit la fixe avec ces grands yeux toujours émerveillés des enfants en confiance et la bouche entrouverte. Mais aucune réponse ne vient. A-t-elle été trop brusque ? Elle reprend plus doucement encore, posant sa main sur sa poitrine.  
- Moi, c’est Bryndís. Et toi, comment tu t’appelles ?
Elle n’est pas habituée à interagir avec d’aussi jeunes enfants, mais cette approche ne lui semble pas mauvaise, alors pourquoi reste-t-il muet ainsi ? N’ayant pas plus d’idées pour socialiser avec ce nouvel animal, elle passe à ce qui l’intéresse. Elle demande :
- Tu me rends ça, s’il te plaît ?
En même temps, elle tire délicatement sur l’écharpe qu’il a toujours en mains. Il la lâche sans protester. Bryndís la repose sur la table puis, après une seconde d’hésitation, tend les bras vers le jeune garçon pour le porter. Il se débat un peu, juste pour la forme ; elle insiste.
- Viens par là, toi. Je peux pas te laisser vagabonder comme ça. Où sont tes parents, dis-moi ? Tu es venu avec ta maman ou ton papa ?
Mais sa seule réponse est un grommellement vexé et une main qui appuie sur sa joue pour se libérer. L’ignorant, Bryndís tourne sur elle-même, cherchant du regard le parent sans doute paniqué de cet enfant.

Yyc
Arrivant
Askja Petersson
Askja Petersson
Arrivant

Profession : Tatoueur Avatar + Crédits : Colson Baker
Messages : 11

Dim 10 Mai - 3:13

L’échappée belle

avec Askja Petersson

Les sociétés n'aiment pas les ermites. Elles ne pardonnent pas de fuir.
Sylvain Tesson

Dès qu'Ethan avait su marcher, tu avais toujours refusé de lui donner la main peu importe à quel point la foule était dense, peu importe à quel point la route était proche, tu considérais qu'il était de ton devoir de père de garder les yeux sur lui, d'être suffisamment attentif pour pouvoir réagir rapidement en cas de danger sans pour autant l'empêcher d'explorer, découvrir, faire ses propres expériences et tout s'était toujours bien passé, même dans les rues les plus actives de New-York, celles où se côtoyaient dangereusement piétons, voitures, taxis, bus, vélo et autres deux-roues, alors il était absurde de penser que le pire puisse se produire dans le marché de ta ville natale, pourtant tu devais te rendre à l'évidence, alors qu'il était dans ton champ de vision encore quelques secondes auparavant, tu ne le voyais plus, tu n’apercevais plus ni ses boucles blondes ni son pull rose dans la foule et tu sentais la panique qui commençait à te gagner. Tu savais qu'ici il ne craignait a priori rien, le taux de criminalité était bas dans le pays, pourtant les disparitions récentes, inexplicables, dont celle de ta propre mère avaient eu raison de tout ce qu'il y avait de rationnel en toi, tu imaginais déjà ton enfant, celui pour lequel tu t'étais tant battu et que tu avais tant désiré, à l'arrière d'un camion ou enfermé dans une cave, tu regrettais presque instantanément toutes ces heures à avoir lu autant d'affaires criminelles, ces heures à te passionner pour ce que la nature humaine avait de plus tordu et de plus cruel alors que tu slalomais difficilement à travers la foule, bousculant les uns et les autres sans prendre la peine de t'excuser, tu aurais voulu crier son prénom mais tes mots étaient comme bloqués.
Par chance ou parce que de fait Ethan n'étant que ce qu'il était, un bambin d'à peine trois ans qui ne pouvait pas aller bien loin, tu finis par l'apercevoir en train d'essayer de se dégager des bras d'une inconnue qui visiblement cherchait elle-aussi dans la foule à qui pouvait bien appartenir cette petite créature si agitée.
Sans réfléchir, tu parcourus les derniers mètres qui vous séparaient en courant avant de lui arracher ton enfant des bras, presque trop brutalement

« Ethan ! »


Tu le serras contre toi de toutes tes forces, plongeant ton visage dans ses cheveux, respirant son odeur avant de le reposer au sol pour s'agenouiller à sa hauteur, t'adressant à lui en anglais

« Je suis pas en colère, t'as rien fait de mal, j'ai juste eu peur parce que je te voyais plus. J'aimerais que tu restes près de moi pendant que je parle à la dame »

Ce qu'il consentit à faire, restant accroché à tes jambes alors que tu te redressais pour t'adresser à la pauvre exposante que tu avais ignorée jusque là, cette fois-ci en islandais.

« Je suis désolé, je l'ai perdu de vue, il a pas fait de dégâts ? »

Ce fut seulement après ces quelques mots d'excuses que tu pris le temps de regarder son visage et que tu réalisas que celle que tu considérais jusque là comme une inconnue n'en était peut-être pas tout à fait une, quelque chose dans ses traits t'était étrangement familier et te replongeait loin dans ce passé que tu t'étais forcé à oublier et que tu t'efforçais de ne pas explorer sans vraiment le conscientiser, parce que certaines choses devaient rester dans l'oubli et dans l'ombre, parce que le déni était parfois une manière de se sauver. Elle te rappelait les rires et les railleries de ceux pour qui la loi du plus fort est une réalité, elle te rappelait des sourires adressés au loin parce qu'il y avait toujours quelque chose de plus attirant pour toi chez ceux que la micro-société qu'est un lycée ostracisait, elle te rappelait

« Bryndís ? »

Yyc
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Bryndís Þrúðursdóttir
Bryndís Þrúðursdóttir
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Age : 34 Profession : Éleveuse de brebis Localisation : Un peu à l'écart de l'ancien centre-ville Avatar + Crédits : Nanna Bryndís Hilmarsdóttir + Yyc
Messages : 14

Mer 13 Mai - 20:11

L’échappée belle

avec Askja Petersson

Les sociétés n'aiment pas les ermites. Elles ne leur pardonnent pas de fuir.
Sylvain Tesson

À force de gigoter, l’enfant a presque réussi à sauter des bras de Bryndís quand quelqu’un le lui arrache sèchement. Tournant sur elle-même, prête à se défendre de toute méchanceté, la jeune femme se trouve soudain face à un homme dont l’apparence lui coupe la parole. Pendant un instant, elle se demande même si c’était le père ou le grand frère de cet enfant, avant de se rendre compte que c’est stupide, comme question. Dès le second regard, ce n’est pas un adolescent : uniquement son look peut laisser cette impression, un bref instant. Juste le temps pour le jeune homme, en fait, de serrer l’enfant contre lui avant de le reposer à terre ; un instant même si bref que si leur échange s’était arrêté là, Bryndís aurait été incapable de décrire le père en dehors de cette fausse impression.

Un fois qu’elle peut voir réellement ses traits, Bryndís ne met pas longtemps à reconnaître Askja. Elle ne l’a pas vu depuis douze ou treize ans, depuis qu’elle a quitté Hafnor pour étudier, mais elle se souvient de ce garçon, bouc-émissaire de tant de ses camarades. Et puis, depuis qu’elle a appris la disparition de sa mère, elle a pensé à lui deux ou trois fois. Elle s’est demandé s’il a ressenti la même chose qu’elle, s’il se pose les mêmes questions…


Elle sait qu’Askja est parti pendant qu’elle-même terminait ses études. À cette époque, þrúður mettait un point d’honneur à se tenir au courant de tous les ragots – Hafnor n’était toujours qu’un village où tout le monde savait tout sur tout le monde – pour les rapporter à Bryndís. Ainsi, quand elle est rentrée, la jeune fille a eu l’impression de n’avoir jamais perdu le lien avec sa région natale. Mais au milieu de la pléthore d’informations que sa mère lui déballait au téléphone chaque semaine, Bryndís n’en a retenues que quelques-unes et bizarrement, le départ d’Askja est l’une d’elles. « Bizarrement », parce qu’ils n’étaient pas proches et qu’elle n’avait aucune raison de chercher à se tenir au courant de sa vie. Mais ce départ, presque cette disparition, lui a semblé logique : l’Askja qu’elle apercevait dans les cours d’école ou les rues du village ne lui a jamais vraiment paru à sa place. Et lorsqu’elle-même avait des périodes de doute quant à sa capacité à s’intégrer au nouvel Hafnor, il lui est arrivé de se demander s’il a trouvé sa place ailleurs.


Visiblement, s’il l’a trouvée, elle se trouve de l’autre côté de l’océan. Même sans chercher à vraiment écouter ce qu’il dit au petit garçon, elle entend qu’il parle anglais et elle comprend à présent pourquoi l'enfant l’a regardée comme si elle lui parlait chinois : pour lui, ce devait être un peu le cas. Alors, lorsque le petit Ethan relève ses grands yeux vers elle, elle lui sourit gentiment. Il s’accroche un peu plus aux jambes de son père : une attitude au fond un peu vexante mais terriblement mignonne. Lorsqu'elle relève les yeux pour répondre à Askja, elle a toujours ce sourire, qu'on entend presque dans sa réponse.
- Il n’y a pas de mal.
Elle se demande si elle doit se présenter et rappeler au jeune homme qu’ils se sont déjà croisés – « se connaissent » serait un trop grand mot – quand le regard de ce dernier lui fait comprendre qu’il l’a reconnue. Et ça ne lui fait pas plaisir. Le sourire de Bryndís retombe, mais sa douceur ne s'en trouve que décuplée.
- C’est bien moi. Comment vas-tu ?
La question lui est venue presque par réflexe, mais elle la regrette immédiatement. Elle se mord la lèvre.
- Tu n'es pas obligé de répondre, c'est bête comme question, je suis désolée… Et pour ta mère, aussi. Enfin, je ne la connaissais pas, mais… La mienne aussi a disparu, l’automne dernier.


Comme si ça expliquait quoi que ce soit… Jugeant qu’il vaut mieux arrêter de s’enfoncer, Bryndís s’empresse de changer de sujet.
- C’est donc ton fils… Quel âge a-t-il ? Sa mère est avec vous ?
Parce qu’elle doit avouer qu’elle est un peu curieuse. À quoi peut bien ressembler la femme qui a réussi à entrer dans la vie d’Askja alors que tout le monde le tenait à l’écart ?


Yyc
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